Pour beaucoup d’internautes, le second degré est un “mode par défaut” sur les réseaux sociaux. L’expression sur internet est par nature complexe et ambivalente, mais la compréhension de ce qui se joue dans un discours en ligne est encore moins aisée face à l’ironie. Pourtant, tous les jours, des gens qui n’ont pas les codes confondent 1er et 2nd degré ou tombent dans le piège tendu par certaines publications satiriques.
Dans le contexte des pseudo “guerres culturelles”, une certaine nouvelle génération semble plébisciter aujourd’hui la bienveillance, réclamant safe space et trigger warnings pour se protéger. A l’opposé, des intellectuels, éditocrates ou politiques répètent à l’envie que les “wokes” sont partout, qu’ils mettent en danger notre pays et surtout qu’#OnPEuTPLuSRiENdIre. Si ce “rien” fait référence aux propos racistes ou homophobes, il est certains que les mentalités changent, mais quid du reste ?
Il y a quelques mois l’humoriste Gaëtan Matis recevait des menaces de mort pour avoir fait une (très) mauvaise blague sur le Bataclan et Eric Zemmour. Dans une moindre mesure, même traitement pour deux humoristes tiktokeurs qui décidaient, il y a quelques jours de supprimer l’une de leur vidéo après avoir reçu aussi des menaces.
Alors, à l’ère de l’offense permanente et de l’indignation démesurée qui se joue sur les réseaux sociaux -Twitter en tête- mais aussi des fakes news et de la haine en ligne, quelle place reste-t-il pour l’humour et la satire en ligne ?
Pour répondre à ces questions, je me suis entretenue avec Alexandra Profizi. Elle est l’autrice de l’ouvrage “Le Temps de l’ironie, comment internet a réinventé l’authenticité” (L’Aube, 2020). Elle s’est plongée dans nos écrits numériques afin d’analyser la suprématie de l’ironie en ligne, les différentes formes qu’elle revêt et son articulation avec la quête d’authenticité qui émerge aujourd’hui.

E.S. > Dans ton livre, tu introduis ton propos en disant que l’ironie est devenue l’éthos de l’époque. Moi, j’ai plutôt l’impression que tout est pris au premier degré et que le moindre trait d’humour d’une personnalité publique va être monté en épingle par le camp adverse quand ce n’est pas par les médias. Ai-je une vision déformée de la réalité ou sommes-nous entrés dans une phase post-ironie ?
A. P. : Sur internet, on peut trouver tout et son contraire, donc oui, les deux comportements cohabitent, à la fois un second degré omniprésent et un certain esprit de sérieux. Soit les utilisateurs manquent de distance, soit ils en ont trop. L’ironie telle qu’elle s’est développée incarne souvent un désengagement. C’est un humour assez nihiliste, postmoderne, qui tend à montrer l’absurdité de la condition humaine moderne. On peut aussi envisager que cette généralisation du second degré, devenu la norme, a entraîné une lassitude, et que c’est cette lassitude qui a engendré le retour au premier degré que l’on perçoit souvent dans les échanges, dans l’expression et la représentation de soi sur internet. Cela peut aussi entraîner une simplification des lectures et des postures.
> Est-ce que l’humour en ligne s’appuie sur les mêmes ressorts que l’humour IRL ?
L’humour en ligne est essentiellement ironique, il repose donc sur la connivence et la complicité. Comme l’humour hors ligne, il crée un lien fort entre ceux qui comprennent et partagent les mêmes repères culturels. Sur internet, néanmoins, l’humour est encore plus codé. Il se fonde sur un socle de références communes. Cela crée de façon très rapide des frontières entre ceux qui saisissent la blague et ceux qui “n’ont pas la réf”, et sont donc exclus. Avec l’humour sur internet, il faut pouvoir détecter instantanément le sens. Construire du sens sur un socle de références est risqué, mais gratifiant. C’est aussi une célébration de liens souterrains qui relient un groupe de personnes (qui ne se connaissent pas nécessairement), plus que sur l’explication et le partage de connaissances. Enfin, la parodie y est très présente, ainsi que la parodie de parodie, etc… Dans la mesure où quasiment tout passe par l’écrit, l’humour en ligne a développé des couches d’ironie à l’infini difficiles à détecter.
> Du coup, est-ce qu’on peut être drôle IRL et pas IVL (in virtual life, NDLR), et inversement ?
Oui, il y a beaucoup de gens qui sont drôles au quotidien mais font des bides sur les réseaux sociaux. Toutes les formes d’humour ne sont pas adaptables sur internet. Quand on dit que l’humour en ligne est très codé, ce n’est pas seulement au niveau des références culturelles mais aussi dans sa dimension formelle. Les réseaux sociaux ont une structure, des fonctionnalités qui formatent la façon de s’exprimer. Les pratiques dominantes influencent également la façon dont on fait de l’humour sur internet. Ainsi, une personne peut être très drôle hors ligne, et ne pas arriver à faire de bonnes blagues sur internet, car il ou elle n’est pas assez familier des formats créatifs humoristiques sur internet. A l’inverse, quand on aime la contrainte, on peut s’avérer très productif en ligne ! Par exemple, même quand on n’est pas hyper drôle à l’oral (car ce sont souvent des situations où il faut être spontané), on peut trouver le ton adapté en ligne, ou bien être capable de faire de bons memes, car leur structure et la contrainte du format boostent la créativité.
> Dans ton livre, tu évoques le concept d’humour constitutif développé par les chercheurs Whitney Phillips et Ryan M. Milner. De quoi s’agit-il et est-ce qu’il permet d’expliquer pourquoi on (comprendre : les gens comme moi qui passent beaucoup de temps sur internet) aime autant faire des blagues sur les réseaux sociaux, y compris avec des inconnus ?
Bonne question… L’humour est un des éléments principaux permettant la sociabilité. Faire de l’humour sur internet, c’est donc réaliser pleinement la dimension sociale des réseaux sociaux.
Phillips et Milner développent en effet, dans leur ouvrage The Ambivalent Internet, la notion de “constitutive humor”, que l’on pourrait traduire par “humour constitutif”. Celle-ci désigne le fait que l’humour sur internet crée une séparation entre ceux qui rient et ceux qui n’ont pas les références pour saisir la blague (voire saisir qu’il y a blague), c’est-à-dire entre ceux qui sont inclus et ceux qui restent sur le seuil. Le partage de publications humoristiques, de mèmes ou de n’importe quel exemple de ce que Phillips nomme un “bat-signal sous-culturel” permet de se reconnaître, de créer une communauté.
Faire de l’humour sur internet, c’est aussi une manière de s’affilier, de s’inscrire dans un ensemble : en postant un mème ou en faisant une blague en référence à quelque chose, c’est comme afficher une petite étiquette “je suis des vôtres” à l’intention des personnes qui nous ressemblent, ou à qui on souhaite ressembler.
> Tu cites également dans ton livre l’essai d’Angela Nagle “Kill all Normies”, qui traite des sous-cultures qu’on trouve sur 4chan et consorts. L’autrice reconnaît que “personne ne sait plus qui prendre au sérieux de nos jours” et qu’il devient difficile de “démêler le réel de la performance, le matériel de l’abstrait et l’ironique du faussement ironique”. C’est une observation à laquelle je souscris parfaitement. Les trolls et ceux que j’appelle les “néo-loleurs” pratiquent cette forme d’humour qu’on pourrait appeler “faux premier degré” ou “méta-ironie”. Ils tendent régulièrement des “pièges” aux internautes et même parfois aux médias, comme ce fut le cas avec l’histoire de Nagui et les chevaux. Dans quelles brèches de l’internet s’insèrent ces formes d’humour et comment les comprendre ?
Déterminer dans quelles brèches de l’internet… c’est assez flou, car ce sont des pratiques qui sont tentaculaires. Ça peut aller des DMs sur Instagram, aux faux avis Amazon, à la section commentaires d’un article très sérieux… Je pense qu’il n’y a pas beaucoup de crédit à apporter aux contenus en eux-mêmes, puisque les “néo-loleurs” semblent souvent n’avoir aucune autre ambition que d’agacer, ou de s’amuser eux-mêmes. Cependant, leur existence permet de mettre en évidence un principe fondamental de la communication médiée par écran, à savoir qu’il ne faut pas tout lire au premier degré, et surtout ne pas présumer qu’un énoncé sur internet est sincère, ou qu’un compte exprime nécessairement l’opinion de son détenteur.
> Est-ce que vouloir faire de l’humour en ligne c’est forcément prendre le risque d’être mal compris ?
Il y a des petits outils qui permettent de signifier que l’on s’exprime au second degré : les émojis par exemple, ou les hashtags, qui sont des informations paratextuelles. Mais on sait bien qu’ajouter ce genre de choses diminue la force de la blague. La puissance du second degré réside justement dans le risque que l’on prend. Il y a souvent des erreurs, et moins on connaît une personne, plus grandes sont les chances de mauvaise interprétation. C’est pour ça que j’évoque rapidement dans mon livre la drague par écrit : quand on commence à “dater” quelqu’un, la phase de séduction est très imprégnée d’ironie et d’humour (on veut paraître drôle, détaché, cool), mais c’est aussi une phase où l’on ne se connaît pas encore très bien, on se découvre, et on a peur d’aller trop loin avec ses blagues, que l’autre ne nous comprenne pas, qu’il y ait un malaise…

> Parlons un peu de mèmologie… Le mème est un objet de la culture numérique qui existe depuis un moment et dont l’usage semble se généraliser. Ma question est simple : pourquoi est-ce qu’on aime tant les mèmes ?
La linguiste Gretchen McCulloch écrit : “Nous sommes toujours extrêmement ravis lorsque l’on tombe sur une chose qui semble avoir été écrite exactement pour nos goûts”. La connivence s’établit grâce à la dimension hautement personnalisante de l’humour en ligne. Souvent, un mème est une mise en situation comique, parce que décalée, de nous-mêmes : nous sommes censés nous mettre à la place du personnage représenté. Se projeter imaginairement à la place du personnage représenté faisant cette action provoque le rire. C’est le côté rassurant des mèmes, qui nous donnent le sentiment d’être profondément compris, d’être moins seul. “Créer et partager des mèmes est un acte qui permet d’exiger un espace en tant qu’individu d’internet, de dire que l’on mérite d’exister sur internet”, dit encore Gretchen McCulloch.
> Il existe des mèmes sur à peu près toutes les thématiques imaginables, mais ils sont de plus en plus utilisés comme outils politiques pour commenter l’actualité ou tourner des opinions divergentes en dérision. De même certains neurchis, comme le Neurchi d’introvertis, deviennent des lieux aux vertus presque thérapeutiques. Est-ce qu’on peut considérer que le mème est l’incarnation virtuelle par excellence des différentes vertus du rire (cathartique, thérapeutique, etc) ?
Certains comptes, en effet, ont une vertu qu’on pourrait qualifier de thérapeutique. On se sent “compris” car les mèmes permettent d’exprimer des choses sur soi que l’on ne dirait pas de but en blanc publiquement, au premier degré, sur les réseaux sociaux. Publier un mème ou le partager avec quelqu’un revêt une dimension intime car cette démarche va dans le sens d’un dévoilement de soi (de façon détournée), même si elle sert d’abord un but humoristique. C’est un acte de sincérité en même temps qu’une affirmation ironique.
> Est-ce que l’humour en ligne est plus générationnel que l’humour IRL ?
L’humour tout court est générationnel. Les ados et les adultes ne rient pas des mêmes choses. Mais l’humour en ligne me semble encore plus générationnel que l’humour hors ligne car il est saturé de références, sur le mode de la private joke, dressant des frontières entre groupes (des groupes générationnels mais aussi des groupes sociaux-culturels).
> J’ai l’impression que les jeunes ont moins de chance de faire partie de la #team1erdegré car comme ils sont nés avec internet, ils ont intégré les codes de la culture web et de fait, sont plus à même de détecter le 2nd degré. Est-ce qu’on peut dire que la “GenZ” a un “loldar” ?
Je crois, oui. J’ai l’impression que les jeunes générations sont beaucoup moins dupes que nous… En tout cas, moins influençables que ce qu’on penserait. À tous les niveaux !

> Basculons maintenant dans la séquence #ONPeUtPluSRIenDiRe… Je trouve que le type de blagues qu’on n’accepte plus collectivement, en tant que société, a pas mal évolué ces dernières années. Est-ce qu’on peut considérer qu’il existe une sorte de fenêtre d’overton de l’humour ?
Cette question là ne concerne pas uniquement l’humour. Il serait faux de croire que certaines blagues (comme certains agissements) passaient mieux avant, et ne sont plus du tout tolérées aujourd’hui, comme par magie. La société a certes évolué, mais elle n’a pas changé du tout au tout. C’est une question de caisse de résonance. Devant une blague qu’on trouvait déplacée, avant, on haussait les sourcils seul devant sa télé ou devant son journal, maintenant on tweete, et puis parfois ça fait boule de neige quand d’autres personnes partagent la même réaction. Il y a toujours eu des publics sensibles à différents types d’humour. Sur internet, tout le monde se trouve groupé en un même endroit, mais une blague n’est pas censée faire rire tout le monde.
> Dans le climat actuel, de “guerres culturelles”, de montée de l’extrême droite, d’année présidentielle et de représentation des combats progressistes dans l’espace médiatique, il y a des crispations. Est-ce que tu penses qu’il y a des sujets sur lesquels on devrait éviter de plaisanter en ligne, pour toutes ces raisons ?
Pas du tout ! Il n’y a à peu près aucun sujet qui devrait échapper à l’humour, que ce soit en ligne ou hors ligne. Comme tu pointes le contexte de l’année électorale, la question est de savoir comment on a envie de participer au débat ambiant, comment on souhaite s’exprimer dans le contexte “tendu” de la campagne présidentielle. Si nos publications ne concernent que nos potes, c’est une chose, mais si on tient un compte qui touche un public plus large, a-t-on envie de jeter de l’huile sur le feu ?
> Est-ce que tu penses que certains “militants wokes” (comprendre nouveaux progressistes anti-racistes / féministes ou LGBTQI+) sont en train de faire naître des nouvelles ““limites”” à l’humour (en ligne) ? Si oui, est-ce une bonne chose, en ce sens que les sujets dont la société rit ou ne rit plus, seraient des sortes de thermomètres des évolutions des mentalités ? Ce que certains appellent la “culture de l’offense” a-t-elle un impact direct et visible sur les pratiques d’humour en ligne que tu as pu observer ?
Je pense que les nouveaux combats progressistes ont induit de nouvelles mentalités, en ligne et hors ligne. Par conséquent, certaines blagues ne passent plus (racistes, homophobes, sexistes, grossophobes…) et tant mieux. Ca paraît peut-être aller plus vite sur les réseaux sociaux parce que l’effet de contagion y est plus fort qu’hors ligne, mais c’est un cheminement qui est aussi entamé hors ligne. Pour autant, je pense qu’on est très loin d’être soumis à de supposées limites ! D’ailleurs, on perçoit le chemin qu’il reste à parcourir dès qu’on sort des réseaux sociaux et qu’on consulte les médias traditionnels, quand on allume Europe 1 ou C8… On peut aussi prendre par exemple les sketchs des humoristes Key and Peele* : ils font souvent des caricatures de personnes noires ou homosexuelles, et ils n’ont jamais fait l’objet d’une polémique. Personne ne les accuse d’être racistes ou homophobes. On n’a pas de doute sur leurs intentions. Je trouve qu’il n’y a pas de sujets tabous ni de dictature de la bien-pensance.
> Il y a une grande part de subjectivité dans ce que chacun peut trouver drôle ou offensant. L’année dernière, une publication d’un compte mème dedié à la Kaamelott a suscité la polémique. Elle divisait même le camp des “concernés”, considérée comme transphobe par certains et pas par d’autres.




Comment fait-on, collectivement, pour préserver cette liberté d’expression, sans pour autant offenser qui que ce soit ? Est-ce seulement possible ou est-ce que le risque d’offenser fait partie des règles du jeu ?
On a le droit de froisser des gens quand on fait de l’humour, bien sûr. Et on a aussi le droit de l’ouvrir quand on est froissé. C’est donnant donnant. On ne peut pas toujours réconcilier les moqueurs et les moqués. C’est bien l’affrontement qu’on cherche quand on fait de l’humour qui va gratter là où ça fait mal, donc pourquoi s’étonner quand certains répondent ?
> J’aimerais, enfin, prendre l’exemple du blackface (ou barbouillage en français). C’est une “pratique” raciste, comme l’explique bien Maboula Soumahoro. Mais quid de son utilisation dans le cadre de fictions humoristiques ? Par exemple, quand il est utilisé d’une façon “méta”, tourné en dérision pour se moquer des gens qui en font justement ?
Je pense par exemple à l’épisode de la série Community qui comportait un barbouillage supprimé de Netflix à l’été 2020 ou encore la BF de Robert Downey Jr. dans Tonnerre sous les tropiques. Est-ce qu’il faut renoncer à toute représentation du BF, y compris dans ce genre d’utilisations satiriques ?
Encore une fois, c’est une question de contexte et de cadre de communication. Quand un blanc dans une soirée poste un selfie de lui avec un blackface, c’est problématique, car son profil étant perçu comme une extension de sa personne, il s’agit d’un acte authentique. En revanche, quand c’est dans le cadre d’une performance artistique ou d’un récit fictionnel qui entend dénoncer ceux qui le font, c’est plus complexe. En littérature comme au cinéma, il n’est pas question de s’abstenir de représenter des actes répréhensibles. Cependant, le créateur doit veiller à être très clair sur ses intentions.
> Là où le LOL était plus inoffensif à l’origine, j’ai le sentiment que les “guerres culturelles” ont, en quelques années, bouleversé aussi internet et l’humour en ligne. A l’image de ce qu’il s’est passé avec la figure memesque Pepe the Frog qui a été arrachée au mainstream pour être complètement récupérée par l’alt-right américaine, est-ce que la droite s’est imposée dans la culture web, voire a gagné une bataille culturelle qui s’y jouait ?
Sur le site Generation Zemmour, les jeunes avec Zemmour affirment que “c’est l’humour de droite sur internet qui a contribué à la victoire de Donald Trump en 2016” et prétendent “avoir l”humour de leur côté” alors que ce dernier “fait défaut à la gauche” (ce que je trouve très prétentieux et faux mais passons). Tu penses quoi de cette analyse ?
Même si c’est douloureux d’être d’accord avec Génération Zemmour, il est vrai que “l’humour de droite sur internet a contribué à la victoire de Trump”. Trump a gagné en partie grâce à une bataille culturelle qui s’est jouée sur internet. Pour être plus précise : ce n’est pas parce que la droite (et ici on parle en vérité d’extrême droite) a un humour plus efficace ou particulièrement génial. C’est en fait par la massification du contenu, par l’occupation du terrain, selon des stratégies massives et coordonnées, que les influenceurs et trolls d’extrême droite renforcent la popularité de candidats populistes tels que Donald Trump. Cela a peu de chose à voir avec l’humour. L’humour est simplement utilisé comme un outil de propagande.
Quant à reprocher à la gauche un manque d’humour, c’est une sacrée généralisation…
> Est-ce que, le “politiquement correct” souvent reproché au camp “woke” (progressiste) peut expliquer ce phénomène ?
Le second degré ne doit pas servir d’excuse pour tout, notamment quand on a tenu des propos déplacés ou qui ont débordé notre pensée. Ça arrive de faire une mauvaise blague, ça ne veut pas dire qu’on est foncièrement raciste ou sexiste, mais dans ce cas là il faut avoir l’honnêteté de reconnaître que la blague est ratée et passer à autre chose.
> En conclusion de ton livre, tu pointes le paradoxe d’internet qui “favorise l’ambivalence plutôt que l’affirmation claire de points de vue” et que pourtant, “jamais on n’a vu autant de personnes qui exprimaient des idées tranchées et radicales“. Tu écris qu’on peut voir dans cette ambivalence “une chance de nous confronter à la complexité” mais que malheureusement, on ne s’en saisit pas, avant de conclure “La solution serait-elle d’imposer davantage de contextualisation ou bien d’imposer des limites dans les interactions ?”. A quoi est-ce que cela fait référence ?
Et est-ce que finalement, la meilleure façon de s’en sortir n’est pas, soit de jouer le jeu de la nuance à fond (mais personne ne fait ça), soit d’être un giga troll anonyme et d’emmerder le monde ? 👹
A chacun de choisir sa stratégie 🙂 Le plus important est de savoir alterner entre la nuance et le millième degré, selon le contexte, d’apprendre à devenir flexible dans notre façon de communiquer et de jouer sur les divers degrés de sérieux d’une déclaration. Ce n’est pas une solution infaillible, mais peut-être un bon début pour être moins tendu sur internet !
*NDLR. à noter que même s’ils sont encore largement partagés en ligne, ces sketchs se sont arrêtés en 2015.