La BBC ne veut plus que ses salariés partagent leurs opinions personnelles sur les réseaux sociaux et vient d’édicter de nouvelles “guidelines” à ce sujet. Ces règles très strictes, qui si elles ne sont pas respectées pourraient conduire jusqu’au licenciement, ont été accompagnées d’autres consignes qui font particulièrement réagir : l’interdiction de participer à des manifestations ou aux Marches des fiertés. Au-delà des questions que cela pose sur la liberté d’expression des journalistes, et sur la prétendue neutralité qu’ils sont censés incarner, on a cherché à savoir pourquoi la beeb s’en prend aussi farouchement à ses collaborateurs woke.
Ni opinion, ni critique
Le document qui s’adresse aux collaborateurs de la BBC, salariés comme pigistes, liste un certain nombre de recommandations de bon sens tel que : “être ouvert et respectueux d’un large spectre d’opinions”, “ne pas publier quand son jugement peut être biaisé”, “ne pas sacrifier la rigueur pour la précipitation”, “ne pas partager de lien si vous ne l’avez pas lu” ou encore ce très pertinent : “ne considérez pas les réseaux sociaux comme des reflets de l’opinion publique, votre audience est majoritairement ailleurs”.
Mais parmi toutes ces recommandations, certaines semblent particulièrement radicales. Si un journaliste suit à la lettre ce nouveau règlement, il devra désormais :
◼︎ Ne plus exprimer ses opinions personnelles sur des sujets politiques ou “controversés”.
Cette règle est valable pour leurs comptes professionnels mais également pour les comptes personnels.
◼︎ Faire attention à ses likes, ses RT et même ses followings (comptes suivis)
Ils sont considérés comme autant de manifestations de l’opinion des journalistes, ils sont donc à surveiller et soigner : “pensez à ce que vos likes, partages, RT, hashtags et ceux que vous suivez disent de vous et de vos opinions et préjugés personnels”.
◼︎ Réfléchir avant de partager un emoji
Car leur usage “peut – intentionnellement ou pas – saper une publication impartiale”.
◼︎ Éviter le “virtue signalling”(terme américain péjoratif qu’on pourrait traduire par “vertu ostentatoire”)
En gros, qu’ils évitent l’exhibition de leurs opinions morales, et démonstration qu’ils sont de “bonnes personnes”, ainsi que “les RT, likes ou l’adhésion à une campagne en ligne pour faire état de son opinion personnelle, même si la cause est juste”.
Comme le confirme une professeur de linguistique au Guardian, l’usage d’un tel terme “dans des documents officiels est inattendu car il est chargé en sens et utilisé pour critiquer les personnes de gauche”, et d’ajouter “ce qu’on attend normalement de la BBC ou d’un média en général, c’est de vouloir maintenir une objectivité. Eux ont choisi d’utiliser ce type de langage qui semble un peu inquiétant”.
◼︎ Ne pas critiquer publiquement ses collègues ou son employeur
Ce qui signifie ni plus ni moins “être corporate”. Ne pas critiquer publiquement ses collègues peut s’entendre par extension comme une interdiction de les contredire, quitte à tuer dans l’oeuf tout débat pour donner l’illusion d’une BBC uniforme.
La beeb ajoute qu’il n’y a “pas de différence entre la façon dont sont perçus les comptes personnels et officiels sur les réseaux sociaux” et que les disclaimers du type : “ces tweets n’engagent que moi” ne suffisent pas. Et d’ajouter, que la “marque personnelle” des journalistes sur les réseaux sociaux “sera toujours secondaire” face à leur “responsabilité envers la BBC”.
Il est précisé également que ces règles s’appliquent aussi pour les contenus publiés dans des “groupes privés” ou sur des comptes en profils privés. Donc même dans le cadre d’un groupe Facebook privé sur un sujet à mille lieues de l’actualité ou des sujets qu’ils couvrent, les collaborateurs devront désormais se comporter en tant que journalistes BBC et s’infliger une neutralité comme s’ils étaient de perpétuels porte-paroles de la chaîne. Cette précision semble particulièrement abusive car elle condamne d’une certaine manière tous ces collaborateurs à renoncer à une partie de leur liberté d’expression. Pour ne prendre aucun risque, ils n’ont plus qu’à se créer des comptes anonymes, voire déserter les réseaux sociaux
Sur Twitter, certains journalistes de la chaîne ont balancé leurs plus beaux sarcasmes pour commenter ces annonces particulièrement restrictives, d’autres ont clairement explicité leur refus d’adopter ces règles :
Imbroglio et vagues d’indignation
Dans la foulée de la publication de ces nouvelles guidelines, inews.co.uk révélait que les équipes de la BBC avaient également reçu comme consigne de ne pas participer à certains types de manifestations.
David Jordan, le directeur de la politique éditoriale du groupe, aurait ainsi annoncé le mercredi 28 octobre, devant les cadres de l’entreprise, que les nouvelles règles d’impartialité impliquaient “de ne pas assister à des manifestations politiques telles que celles du mouvement Black Lives Matter ou des manifestations LGBT sous peine de recevoir un avertissement ou d’être suspendu” rapporte I(news). Ce que confirme une ex journaliste de la chaîne.
Benjamin Butterworth, le journaliste qui suit l’affaire pour I(news), rapporte sur Twitter avoir demandé des détails à la BBC sur cette interdiction. La réponse du groupe audiovisuel n’a fait qu’ajouter de la confusion. Cette dernière lui a affirmé qu’il n’y avait pas de problème de se rendre à une Pride si c’était considéré comme une “célébration”. Alors que ces dernières sont des événements politiques et revendicatifs pour la communauté LGBTQI+, on peut parler – a minima – d’un impair. Pire encore : il est précisé au journaliste qu’il ne faut pas que les collaborateurs (qui traitent de l’actualité et des affaires courantes) prennent position dans “le débat autour des droits des personnes trans”, sous-entendant par là qu’il y a un débat sur le sujet.
L’ annonce de cette restriction supplémentaire et ces explications de pompier pyromane ont suscité de nombreuses indignations : dans la communauté LGBT+, chez des confrères journalistes, ou encore parmi les syndicats, qui regrettent de ne pas avoir été consultés avant ces annonces et réclament une rencontre au plus vite avec la direction du groupe audiovisuel pour clarifier la situation. L’info a également fait réagir certaines personnalités politiques.
Le Directeur Général de la BBC, Tim Davie, a alors tenté de clarifier la situation dans un e-mail interne: écrivant noir sur blanc “Il n’y a pas d’interdiction d’assister à des Prides” mais de re-préciser que les règles étaient différentes pour les journalistes traitant d’actualité : “il n’y a pas de problème à ce que ces équipes participent à des évènements communautaires qui sont clairement des célébrations ou des commémorations et ne compromettent pas la perception de leur impartialité (…) ils doivent s’assurer de ne pas être vus en train de prendre partie dans un sujet politique ou contesté”.
Des précisions qui n’ont pas davantage apaisé les esprits, au contraire ; certains internautes ont même partagé le lien du formulaire de contact de la BBC pour encourager les personnes indignées à se plaindre auprès du groupe (comme ici ou encore ici).
Si ces annonces semblent viser en particulier certaines stars du groupe dont les comportements à l’antenne et hors antenne ont pu faire l’objet de polémiques, en interne, ça ne décolère pas non plus. Une journaliste du service Monde (qui a souhaité garder l’anonymat), nous a confié qu’elle ne comptait pas se plier à ces nouvelles règles qu’elle décrit comme une “atteinte à [sa] liberté d’expression, sortie de nulle part” et que ses collègues étaient aussi extrêmement remontés.
Dans un article de la BBC elle-même, le spécialiste des questions LGBT, Ben Hunte fait également état de ce malaise interne :
“le personnel LGBT m’a fait part de son incompréhension face à la mise au point très tardive de la direction et estiment qu’elle est arrivée trop tard pour effacer la colère et le ressentiments provoqués”.
Rhammel O’Dwyer-Afflick, le directeur de la communication de la Pride de Londres, s’est également inquiété, considérant que les mots de Davie avaient créé une “ambiguité” sur la possibilité pour les employés de la BBC de manifester publiquement leur soutien aux droits des personnes LGBTQ+, et d’ajouter que :
“Tous les employés de la BBC devraient se sentir libres d’assister à des évènements de soutien à la communauté trans, comme les Prides, tout comme les manif Black Lives Matters, sans avoir peur des répercussions de tels comportements”.
Enfin, des avocats sont montés au créneau, arguant que de telles mesures constituaient une violation du Equality Act (législation anti-discrimination au Royaume-Uni) :
La semaine suivante (5 novembre), Tim Davie a re-sorti les rames et adressé un nouveau message à son personnel pour tenter, à nouveau, d’apaiser les esprits :
“On m’a demandé si la BBC soutenait ses collègues gays, lesbiennes, bisexuels ou transgenres. Permettez-moi d’être clair : nous vous soutenons sans condition”.
Davie a reconnu qu’il y avait eu un couac en interne et que des managers avaient mal transmis les directives. Il est également revenu sur le terme précédemment utilisé qui avait suscité la colère de personnes transgenres : “Ce n’est pas controversé d’être lesbienne, gay, bisexuel ou transgenre, ni au travail, ni en-dehors”. Et de rappeler qu’il n’y a aucun problème avec le fait d’assister à des Pride ou trans-pride, mais qu’il n’est “pas approprié de défiler aux côtés d’un parti politique ou d’un groupe réclamant des changements politiques”.
Malgré ces efforts de clarification et d’apaisement, certains collaborateurs de la beeb semblent toujours inquiets concernant certains points de la nouvelle politique social media annoncée ; sur le flou qui entoure le terme “sujets controversés” (ce terme vague a d’ailleurs récemment servi à justifier l’éviction d’une journaliste d’un jeu d’Ubisoft), l’interdiction de pratiquer le “virtue signalling“, ou encore sur le fait de devoir suivre sur Twitter des personnes “qui ne reflètent qu’un point de vue sur un sujet”. Ils ont confié leur inquiétude à Pink News, en particulier sur le sujet des droits des personnes transgenres ou l’égalité des droits en Irlande du Nord où le sujet est particulièrement tendu.
BBC sous le 🔥 des critiques
Vu les restrictions énoncées, les journalistes woke sont clairement dans le viseur des dirigeants de l’audiovisuel public britannique. Pourquoi imposer des mesures si radicales et extrêmement restrictives à ses collaborateurs ? Et pourquoi viser précisément un certain type de personnes, plutôt que de juste rappeler les règles élémentaires de la déontologie journalistique ou d’édicter des guidelines, rappelant de façon neutre, la retenue attendue des journalistes ?
Pour comprendre les motivations de la direction, il faut revenir sur le contexte de ces décisions.
Ce monument national et international, souvent pris en exemple de rigueur et d’impartialité journalistique, est regardé, lu ou écouté chaque semaine par 91% des Britanniques qui le surnomment chaleureusement “Auntie”. Sa consommation comparée à celle d’autres médias publics européens, permet de bien se rendre compte de son statut “à part” :

Mais aujourd’hui, le groupe public est critiqué de toutes parts. Cible des conservateurs depuis longtemps, il est désormais aussi attaqué par l’opposition, notamment depuis le vote du Brexit1jugée trop pro-européenne par les “brexiters” et incompétente par les “remainers” qui l’accusent d’avoir laissé dire des mensonges aux partisans du Brexit en 2016, comme le rappelle Jean Seaton, professeure en histoire des médias, au Monde : “Depuis Mme Thatcher, les gouvernements conservateurs ont régulièrement essayé de couper ses financements mais ce qui est dangereux en ce moment, c’est que le Labour aussi s’en prend à la BBC”. On aurait tendance à dire que c’est plutôt le signe d’un traitement de l’actualité relativement neutre et impartiale quand un média essuie les critiques de deux camps opposés, mais en l’occurrence, cela participe de son affaiblissement.
Dans l’opinion publique, l’une des critiques récurrentes adressées à la BBC reste une ligne trop à gauche, trop “bobo” (trop “woke” dans le jargon anglo-saxon), comme c’est fait ici tout en racisme, ou encore ici, tout en nuances.

La sacro-sainte BBC est également accusée de ne pas être assez représentative de la population et trop “londono-centré”. Or, en tant qu’institution publique, et en échange de son financement par la redevance, elle est tenue de présenter une certaine impartialité dans son traitement de l’information et de parler à tous les publics.
Un constat que partage Jeremy Stubbs, spécialiste du Royaume-Uni, ancien représentant des conservateurs britanniques en France et actuellement directeur adjoint de la direction du magazine Causeur :
“Il est clair qu’aujourd’hui, la BBC ne partage plus sa mission d’origine. On s’attend de sa part à une impartialité dont les autres chaînes ne font pas preuves, or la BBC s’est éloignée de sa mission d’origine. Le public l’a remarqué et ça provoque beaucoup de colère”.
Ce “redressement” global fait suite à plusieurs signaux avant-coureurs : dès son arrivée en septembre dernier, le nouveau directeur général de la BBC, Tim Davie, avait annoncé qu’il entendait imposer de nouvelles règles plus strictes à ses journalistes :
“Si vous souhaitez être un éditorialiste borné ou un militant partisan sur les réseaux sociaux, c’est un choix qui se respecte, mais vous ne devriez pas être à la BBC”
L’ancien dirigeant de PepsiCo et membre du Parti conservateur avait annoncé sa ferme intention de travailler “sans biais politique” et “guidé par la recherche de la vérité plutôt que par un agenda particulier”. Un discours qui ne peut que s’entendre, de la part d’un groupe d’information public.
Un peu moins anodin -mais rien de condamnable en l’état-, le Daily Telegraph avait révélé dans le même temps que le nouveau dirigeant avait l’intention de recruter des humoristes de droite pour contrebalancer une ligne trop à gauche. Interrogé sur le sujet à l’époque par le Figaro, Jeremy Stubbs répondait sur un point qui pourrait nous aider à comprendre la stratégie actuelle de Tim Davie :
“Si les gens ordinaires sont contre la BBC, elle ne pourra pas survivre que grâce aux ‘bobos’. Réduire la part d’humour ‘gauchiste’ est purement stratégique”
Enfin, à l’occasion d’une conférence tenue lors de la remise du prix Italia en septembre, la directrice de l’information de la BBC, Fran Unsworth, avait également mis en garde contre les dangers que les “guerres culturelles en ligne” faisaient peser sur les chaînes de service public et sur l’importance pour les journalistes de garder du recul : “Nous devons parler à chacun et ne pas nous laisser emporter par les têtes brûlées des médias sociaux”.
BBC sous les menaces du pouvoir
Mais les critiques les plus menaçantes proviennent du Premier ministre, Boris Johnson, qui a déclaré la guerre à celle qu’il surnomme la “Brexit Bashing Corporation“. Il avait lancé, lors des législatives de 2019, une attaque frontale contre la redevance :
“Il faut se demander si ce genre de financement a encore du sens sur le long terme (…). Ce système, qui est, de fait, une taxe imposée à tous, mérite réflexion. Combien de temps peut-on justifier un système où tous ceux qui ont une télévision sont obligés de payer pour certaines chaînes de télévision et de radio ?”
Renforcé par sa forte majorité parlementaire à la sortie de ces élections législatives – et persuadé de nouveau que la BBC avait eu un traitement en leur défaveur – il avait accéléré le pas en réclamant à ses ministres de boycotter certains programmes du groupe audiovisuel, comme le Today programme (matinale emblématique de BBC Radio 4 très écoutée), et en demandant au secrétaire en chef du Trésor, Rishi Sunak, de revoir le financement du groupe public.
Mark Thompson (directeur général de la BBC de 2004 à 2012) confiait au Monde en février dernier que c’était une “bataille pour la démocratie” qui s’engageait pour le groupe public :
“Les menaces auxquelles la BBC fait face sont les plus sérieuses depuis sa création, il y a un siècle”
Et en effet, s’en prendre au financement de la beeb (qui doit être de toute façon re-discuté en 2022), c’est bien menacer sa survie, puisque la redevance représente les 3/4 de son budget. Johnson cherche aussi à “décriminaliser” le non-paiement de cette dernière, alors que la BBC doit déjà réinstaurer en 2021 son paiement par les plus de 75 ans. Une mesure évidemment très impopulaire, donc du pain béni pour ses détracteurs.
Même si le confinement et sa couverture de la pandémie lui ont permis de retrouver son rôle central dans la vie Britannique, et ont engendré une petite pacification des relations avec le gouvernement, la BBC reste menacée et tente, plus ou moins subtilement et efficacement, de sortir du feu des critiques auxquelles elle est régulièrement exposée.
Stratégie de survie ?
La raison de ces nouvelles règles drastiques semble donc avant tout stratégiquo-économique (puisque les deux sont liés), comme le confiait une source interne à I(news), en affirmant que “ce changement est évidemment fait pour plaire au Daily Mail (journal conservateur) et éloigner la BBC du feu des critiques”. La journaliste que nous avons interrogée fait peu ou prou le même constat : selon elle, la BBC cherche ainsi à répondre aux critiques de manque d’impartialité et fait preuve de “démagogie”en adoptant un “pattern populiste”. Pour elle, le groupe audiovisuel doit assumer d’avoir à son bord des woke car c’est “le prix à payer s’ils veulent de la diversité”. L’analyse que Jeremy Stubb nous livre de la situation se pose en miroir inversé de cette dernière. Pour lui, la BBC met en place en “stratégie de survie” pour répondre aux critiques et “tenter de reconquérir le terrain du milieu”.
Dans les deux cas, le constat est le même ; c’est bien moins par idéologie ou par volonté de s’acharner sur un profil-type de collaborateur que par stratégie que la beeb a édicté ces nouvelles règles. Une analyse partagée par certains internautes, à l’image de ce “Oliver R Mills” : “Cela me semble être une tentative pour paraître anti-woke et pour réparer les piètres relations que la BBC a avec les Brexiters et la droite”.
Notons que dans un contexte où -comme nous venons de le voir- les plus de 75 ans vont être sollicités pour repayer une redevance qu’ils ne payaient plus depuis 20 ans, et alors même qu’ils pourront peut-être refuser de la payer sans courir grand risque, la beeb a tout intérêt à reconquérir son audience senior -globalement conservatrice- et à la satisfaire.
Alors qu’on peut imaginer que la chaîne publique avait anticipé les réactions que cela provoquerait, comment interpréter le couac et la si mauvaise gestion de cette “crise” ? Ce qui ressemble à de l’amateurisme s’expliquerait par la bureaucratie propre au groupe et aux profils “déconnectés” des dirigeants, selon la journaliste du service Monde qui a souhaité garder l’anonymat. Pour Jérémy Stubbs, “la polémique sert la cause” de la BBC puisqu’elle permet de médiatiser les changements décidés. Il est tout de même permis de douter que le groupe audiovisuel puisse se réjouir de la volée de bois vert qu’il s’est pris en interne comme en externe.
Un petit pas vers la porte ?
Difficile de dire si la stratégie s’avèrera réellement payante. Transformer les comptes Twitter des journalistes de la BBC en sources d’info fades et lisses à souhait, c’est-à-dire sans valeur ajouté ou intérêt de plus que les comptes de la chaînes, n’apparaît pas comme une stratégie saine et bénéfique à long terme. A l’heure où de plus en plus de journalistes sont des “marques” à part entière, un esprit cynique pourrait presque y déceler une façon de s’assurer que celles-ci perdent de leur valeur.
A l’annonce des nouvelles guidelines du groupe, un journaliste français évoquait sur Twitter la possibilité d’une stratégie plus vicieuse ; celle de pousser les gens dehors en adoptant des règles drastiques, dans le but de faire des économies. L’avenir dira s’il avait raison.
En attendant, quelques jours à peine après ces polémiques, la chaîne voyait déjà son premier “retour de bâton” suite à l’utilisation du terme “virtue signalling” dans ses nouvelles règles. Comme tous les ans, dans les jours précédant le 11 novembre, le “poppie” (un coquelicot en boutonnière) était porté en signe de soutien aux familles de soldats morts ou blessés au combat pendant la Première Guerre mondiale. Un signe distinctif, qu’on pourrait considérer comme signe de “vertu ostentatoire”, ce qui n’a pas échappé à de nombreux internautes.La chaîne a réagi rapidement, en suscitant, du coup, la colère d’autres téléspectateurs. Pour la prochaine fois, on ne saurait que trop lui conseiller de s’appliquer à elle-même ses propres guidelines : “ne considérez pas les réseaux sociaux comme des reflets de l’opinion publique, votre audience est majoritairement ailleurs” 🤪
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