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Pourquoi des gens mettent she/her, he/his ou encore “iel” dans leurs bio

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C’est une pratique qui existe depuis un moment sur les réseaux sociaux et que l’on observe de plus en plus en France : l’inscription de pronoms “she/her” ou “he/his”, “they/them” ou encore “iel” dans les bios, en particulier sur Twitter. Qu’est-ce que ça signifie ?

La communauté LGBTQI+ se bat pour changer le regard de la société sur le genre et, notamment, faire valoir les droits des personnes transgenres. Cela passe, par exemple, par le fait de faire comprendre et accepter que le genre n’est pas une notion binaire (féminin/masculin) et qu’il ne correspond pas toujours au sexe assigné à la naissance.  Initié dans les communautés privés sur Tumblr, le questionnement du discours sur les genres et orientations sexuelles non binaires a rapidement atteint un espace public plus large.

Pour vous aider à bien saisir ce dont il est question, voici le “GenderBread person” (jeu de mots avec “gingerbread” – pain d’épices-) ; Il permet de comprendre les différences entre sexe biologique (caractéristiques sexuelles à la naissance), orientation sexuelle (attirance sexuelle), expression de genre (en gros, les apparences) et l’identité de genre (comment, on se définit / ressent soi-même). Pour appréhender le sens des pronoms de genre, c’est l’identité de genre qui nous intéresse.

source : https://www.genderbread.org/resource/personne-gingenre-v3-3

Les néo-pronoms

Le besoin de pouvoir définir son genre -au-delà de son apparence-, et de pouvoir dire aux autres par quels pronoms personnels on souhaite être interpellé, s’exprime notamment sur les réseaux sociaux. En particulier dans les “bios” qui sont les sections des profils utilisateur servant principalement à se décrire aux autres.

Ainsi, on indiquera “she/her” si on se définit au féminin, “he/his” si c’est au masculin. Mais l’utilisation de ce qu’on appelle les pronoms de genre (ou néo-pronoms) est bien plus riche et complexe.

Leur usage dît “inclusif” permet :

  • de désigner des personnes dont on ne connaît pas le genre (plutôt que de prendre le risque de se tromper)
  • ou un groupe de personnes de genres différents, si l’on ne veut pas que “le masculin l’emporte” par exemple.
  • ou peut être utilisé par une personne qui souhaite ne pas se genrer.

Le non-binaire

L’usage des pronoms de genre permet également de pouvoir définir le genre par-delà le féminin et le masculin. Il sert alors à désigner les personnes non-binaires. C’est ce qu’on appelle le “neutre grammatical”.

Pour exprimer le genre non-binaire (“non-binary gender” / “enby” ou “NB”), la langue anglaise offre plus de facilités grâce au they / them au singulier. Il a d’ailleurs été élu mot de l’année 2019 par le dictionnaire Merriam-Webster qui a vu son usage en ligne exploser en une année.

En Français, il est plus difficile d’échapper à la binarité qui se reflète jusque dans notre langue. Alors les personnes concernées ont créé des néologismes ; Le “iel” est celui que l’on rencontre le plus souvent mais on retrouve aussi parfois “illes” (mélange de “ils” et “elles”).

Ces derniers ne conviennent pas aux personnes qui ne se retrouvent pas dans un mélange “F”/”M” et se sentent complètement en-dehors de ces deux genres. D’autres occurrences apparaissent alors, telles que “elli”, “yel”, “ael”, ou encore, “ul”, “ele” ou “ol”. Mais aussi al ou ael. En anglais, les “ze”, “xe”, “per” ont le même usage.

Gender Pronouns, LGBTQ+ Resource Center

 Les différences entre tous ces néo-pronoms sont subtiles et complexes à appréhender. Le rapport au genre est propre à chacun individu et le spectre de la non-binarité est extrêmement large. Ainsi, un personne demi-boy / demi-garçon (c’est-à-dire une personne dont l’expression de genre est partiellement masculin et partiellement autre chose) préfèrera sans doute “iel”, alors qu’une demi-girl / demi-fille (une personne dont l’expression de genre est partiellement féminine et partiellement autre chose) privilégiera plutôt “ael” qui sonne plus “doux”, comme nous l’a expliqué une personne qui l’utilise dans sa bio Twitter.

Il n’y a donc pas de règles définies ni définitives. Les personnes concernées font leurs choix de pronoms en fonction de la sonorité des pronoms et de ce qu’ils représentent pour eux.

Gen Z : tous gender fluid ?

La fluidité de genre (gender fluid) est parfois considérée comme une sous-catégorie de la non-binarité, parfois comme différente car alors que la non-binarité n’est ni F ni M, la fluidité de genre oscille entre les deux.

L’identité de genre varie alors en fonction de l’espace, du moment, du ressenti. Pour simplifier les choses, considérons que le genre fluide est fluctuant et flexible.

Des enquêtes menées au cours de la dernière décennie ont montré une tendance à la fluidité croissante des identités de genre des jeunes (Milennials et Génération Z).

Pew research Center

🇺🇸 Les jeunes Américains sont beaucoup plus à l’aise que les générations précédentes avec leur genre. Plus de 12% des millenials s’identifient comme transgenres ou “non conformes” aux genres (Harris Poll), et une majorité d’entre eux pensent que le genre est un spectre plutôt qu’une notion binaire homme/femme (Fusion Millennial poll).

Les opinions de la “genZ” sur le genre sont encore plus tranchées : 56% connaissent quelqu’un qui utilise un pronom neutre (J. Walter Thompson) et 59% pensent que les formulaires devraient inclure des options autres que “homme” et “femme” (Pew). 

🇫🇷 En France, le phénomène est beaucoup moins répandu même s’il semble progresser. En 2018, un sondage OpinonWay pour 20 Minutes révélait que 13 % des 18-30 ans interrogés ne s’identifiait pas comme hommes ou femmes.

Plus récemment (novembre 2020), dans une enquête IFOP pour Marianne, 22% des répondants se disaient “d’accord” avec la phrase “Je ne me reconnais pas dans les deux catégories de genre hommes / femmes”. Plus précisément, ils étaient 7% à se déclarer “tout à fait d’accord” et 15% “plutôt d’accord”. Parmi les lycéens, ils étaient même 48% parmi les “total d’accord” (18% “tout à fait d’accord” et 30% “plutôt d’accord”).

Ces subtilités concernant la fluidité du genre n’ont pas encore atteint toutes les sphères de notre société, et suscitent beaucoup de réactions négatives, comme l’indique la journaliste Catherine Vincent, dans un article du Monde consacré au sujet :

“Serait-on entré dans un nouveau monde où ceux qui souhaitent s’émanciper du genre peuvent prendre la parole et la lumière ? La réalité n’est pas si simple. Car cette évolution suscite en retour une opposition très forte, comme le montre un peu partout en Europe l’ampleur des campagnes antigenre”. 

De notre côté, le meilleur conseil qu’on puisse vous donner, si ces sujets vous sont totalement étrangers, c’est de vous informer dessus, et de ne pas hésiter à demander aux personnes concernées comment elles souhaitent être appelées.

3 BONS LIENS :

👉🏼 "comment parler d'une personne non-binaire" sur wikitrans.co 
👉🏼 cette vidéo "comprendre la non-binarité" du Youtubeur Brieuc
👉🏼 cet article du Monde "le genre gagne en fluidité"
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